Scorbut : Retour alarmant d’une maladie que l’on croyait disparue !

par adm
La vitamine C est présente dans tous les végétaux à des quantités variables.

Le scorbut, autrefois cantonné aux pages des livres d’histoire, fait une réapparition inquiétante en France. Une étude récente révèle que des centaines d’enfants ont été hospitalisés en raison de cette carence, signalant également une augmentation des cas de malnutrition grave.

Un rapport récent paru dans The Lancet Regional Health – Europe indique une croissance alarmante du nombre d’enfants hospitalisés pour scorbut et de malnutrition grave à la suite de la pandémie de Covid-19 [1].

Les chercheurs ont analysé les données hospitalières françaises sur le scorbut entre janvier 2015 et novembre 2023, en s’appuyant sur le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI). Ils ont également examiné les cas de malnutrition et les carences en vitamine D et en fer, en comparant les périodes avant et après l’épidémie de Covid-19.

888 enfants, dont 431 garçons (48,5 %), ont été hospitalisés pour scorbut durant cette période, avec un âge médian de 11 ans. De plus, 135 360 cas de malnutrition ont été enregistrés, dont 59 365 cas de malnutrition sévère (43,9 %) et 44 003 cas de déficit en vitamine D.

Une autre conséquence de la Covid-19 ?

La pandémie de Covid-19 a entraîné une hausse notable de l’incidence du scorbut : de +0,05 % par mois avant la pandémie à +1,9 % après. L’incidence chez les enfants hospitalisés pour scorbut a augmenté de 34,5 % entre 2015 et 2023. Notamment, entre 2020 et 2023, presque un quart des enfants touchés par le scorbut souffraient également de malnutrition.

Cette hausse est particulièrement prononcée chez les enfants âgés de 5 à 10 ans (200,8 % d’augmentation ; p < 0,001) et chez les filles (augmentation de 65,8 % depuis 2015 ; p < 0,001).

Les cas de malnutrition sévère ont aussi significativement augmenté après la Covid-19, avec une hausse de 20,3 %, surtout chez les adolescents de 11 à 17 ans. Par ailleurs, les cas de malnutrition légère ou modérée ont diminué de 11,2 %, suggérant une progression vers des formes plus graves de malnutrition pendant cette période.

Quel impact de l’inflation et de la précarité socio-économique ?     

Il y a une corrélation positive entre l’augmentation du scorbut et de la malnutrition, et l’indice des prix alimentaires.

De plus, une proportion significativement plus élevée d’enfants hospitalisés pour scorbut bénéficiaient de la complémentaire santé solidaire (C2S) : 27,6 % en moyenne après la pandémie contre 20,8 % avant, avec une augmentation relative de 32,9 % (p = 0,045).

Les données montrent également une augmentation de 16,3 % de la C2S chez les enfants souffrant de malnutrition entre 2020 et 2023, par rapport à la période 2015-2020.

En conclusion, ces découvertes sous-entendent une réapparition inquiétante du scorbut chez les enfants en France, surtout depuis la pandémie de Covid-19. Cette hausse est probablement liée à une détérioration des conditions socio-économiques et à une inflation croissante, influençant l’accès à une alimentation riche en vitamine C. Les chercheurs soulignent l’urgence d’implémenter des programmes d’aide alimentaire ciblés et d’améliorer la prévention et le dépistage précoce de ces carences.

Encadré 1 – Focus sur le retour du scorbut avec le Pr Jean-Louis Schlienger

Jean-Louis Schlienger. Cette étude souligne l’urgence de reconnaître l’existence contemporaine du scorbut, même dans des nations développées comme la nôtre, principalement liée à la pauvreté sociale, une situation inacceptable au XXIe siècle.

Les résultats indiquent une corrélation logique entre le scorbut et la malnutrition, ainsi qu’entre le scorbut et la carence en fer, car la vitamine C facilite l’absorption du fer non héminique.

Le scorbut affecte ceux qui ne peuvent pas manger de fruits et légumes quotidiennement. Ainsi, ce n’est pas uniquement un problème enfantin. D’autres études ont montré que le scorbut est aussi diagnostiqué chez les adultes, notamment chez des populations spécifiques telles que les personnes sans domicile fixe.

En cas de précarité sociale, il est essentiel de dépister les subcarences sans symptômes cliniques : « Avez-vous accès tous les jours à des fruits et légumes ? ». Les 5 fruits et légumes par jour recommandés par le Programme national nutrition santé (PNNS) suffisent amplement à couvrir les besoins en vitamine C. Cette vitamine, fragile et sensible à la chaleur et à la lumière, se trouve dans tous les végétaux, pas seulement dans les agrumes, mais aussi dans les légumes comme les choux, les poivrons, les brocolis et les pommes de terre, ainsi que dans la plupart des légumes à feuilles.

Encadré 2 – Données clés sur la vitamine C (acide ascorbique)

Besoins quotidiens : de 50 à 130 mg/jour (augmentés dans certaines conditions)

Diagnostic biologique d’une carence nécessitant un traitement : niveau d’ascorbémie < 2 mg/L – objectif : 10 mg/L

Traitement curatif : administration orale de vitamine C à hauteur de 500 mg/j

 

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