Une recherche de l’EPI-PHARE révèle un très faible surrisque de méningiome chez les femmes de plus de 45 ans utilisant de manière prolongée et actuelle des contraceptifs contenant exclusivement du désogestrel à une dose de 75 μg. À cet égard, l’ANSM a formulé des recommandations préliminaires.
Le consortium scientifique EPI-PHARE a diffusé une étude [1] analysant, grâce à des données de vie réelle, le risque de méningiome chez les femmes utilisant l’un des deux types de contraceptifs oraux progestatifs suivants :
- lévonorgestrel à 30 μg seul (progestatif de deuxième génération) ou associé à 50, 100, 125, 150 μg d’éthinylestradiol. Les dispositifs intra-utérins contenant du lévonorgestrel et les contraceptifs d’urgence ne sont pas considérés dans cette étude ;
- désogestrel à 75 μg seul (progestatif de troisième génération) : ANTIGONE, OPTIMIZETTE, CERAZETTE, ELFASETTE et les génériques de désogestrel 75 µg. Cette étude exclut les autres formes de contraceptifs contenant du désogestrel combiné à de l’éthinylestradiol.
Les conclusions de cette enquête pharmacoépidémiologique ont été présentées le 18 décembre 2024, lors de la première session du comité scientifique temporaire (CST) « Contraception orale et risque de méningiome ». Ce comité, établi par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), vise à évaluer le risque de méningiome potentiellement lié à l’usage de contraceptifs oraux progestatifs et à proposer des mesures pour réduire ce risque si nécessaire. Ce comité continue les efforts déjà entrepris pour minimiser le risque de méningiomes liés à divers progestatifs.
Les rédacteurs de ce rapport récent précisent que le risque de méningiome « n’a pas été spécifiquement évalué avec l’usage des contraceptifs oraux contenant le désogestrel et le lévonorgestrel ».
Sommaire
Présentation de l’étude
En suivant la méthodologie habituelle d’EPI-PHARE, les chercheurs ont exploité les données du Système national des données de santé (SNDS).
L’étude a inclus 8 391 femmes ayant subi une chirurgie pour un méningiome intracrânien entre 2020 et 2023 en France, comparées à 83 910 femmes témoins (cf. Encadré).
Aucun surrisque de méningiome avec le lévonorgestrel
L’analyse ne révèle aucun surrisque de méningiome chez les femmes utilisant un contraceptif contenant du lévonorgestrel seul ou en combinaison avec l’éthinylestradiol, quelles que soient les durées d’exposition.
Un très faible risque de méningiome avec le désogestrel qui s’accroît avec le temps d’exposition
Une légère augmentation du risque de méningiome intracrânien a été observée chez les femmes de plus de 45 ans utilisant de manière prolongée un contraceptif à base de désogestrel seul à 75 μg (OR de 1,25 [intervalle de confiance à 95 % 1,10-1,42]). Ce risque se manifeste après 5 ans et s’accroît avec la durée d’utilisation :
- 1 cas de méningiome opéré pour 67 000 femmes utilisatrices, toutes durées confondues ;
- aucun risque de méningiome pour des durées d’utilisation inférieures à un an, sauf en cas d’utilisation antérieure d’autres progestatifs à risque ;
- 1 cas de méningiome opéré pour 17 000 femmes exposées pendant plus de 5 ans (OR de 1,70 [1,39-2,08]) :
- entre 5 et 6 ans d’utilisation, l’OR est de 1,51 [1,17-1,94],
- au-delà de 7 ans d’utilisation, il est de 2,09 [1,51-2,90]).
« Le nombre de cas de méningiomes attribuables à l’exposition au désogestrel, avec près de 1,3 million d’utilisatrices pour un mois donné en France, a été estimé à 15 par an ».
Si l’utilisation du désogestrel 75 μg est interrompue depuis plus d’un an, le surrisque de méningiome disparaît (OR=0,83 [0,63-1,09]).
« Toutefois, le risque de méningiome associé à l’usage prolongé du désogestrel reste bien inférieur à celui constaté avec l’ANDROCUR, le LUTERAN ou le LUTENYL », ajoutent les auteurs (cf. notre article du 12 février 2019).
Recommandations préliminaires pour les utilisatrices de la contraception par désogestrel
À la suite de cette présentation et en attendant des mesures prévues début 2025, le CST « Contraception orale et risque de méningiome » a émis des recommandations préliminaires destinées aux femmes sous contraception par désogestrel 75 µg [2] :
- ne pas interrompre la contraception sans consulter un professionnel de santé ;
- en cas de maux de tête fréquents, de troubles visuels, de faiblesse dans les bras ou les jambes, de paralysie, de troubles du langage ou de l’audition, de troubles de l’odorat, de convulsions, de troubles de la mémoire ou de vertiges : consulter un médecin, un gynécologue ou une sage-femme. Une IRM pourrait être envisagée par mesure de précaution ;
- si un méningiome est détecté, l’arrêt du traitement contraceptif par désogestrel doit être discuté avec un médecin ou une sage-femme. Un avis neurochirurgical est également nécessaire.
Lors de la prescription, les recommandations suivantes doivent également être appliquées :
- en cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant : ne pas prescrire de contraception progestative ni de traitement progestatif ;
- vérifier les traitements progestatifs antérieurs utilisés par la patiente et leur durée ;
- discuter avec la patiente pour déterminer la méthode contraceptive la plus adaptée à sa situation ;
- ne pas prescrire de désogestrel après la ménopause. Le désogestrel n’est pas un traitement hormonal de la ménopause ;
- envisager une IRM en cas de signes pouvant indiquer un méningiome intracrânien.
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