Alerte Santé : Les dérives sectaires en tête des préoccupations!

par adm
Les soins de support notamment en cancérologie connaissent des dérives à caractère sectaire.

Le rapport le plus récent de la Miviludes met en lumière une croissance préoccupante des alertes concernant les abus sectaires, particulièrement dans les secteurs de la santé et du bien-être. Ces alertes révèlent l’existence de pratiques risquées, visant notamment les personnes souffrant de cancer.

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a rendu public son bilan d’activité pour la période 2022-2024 [1, 2]. Ce rapport met en avant une hausse continue des signalements et des demandes d’informations liés aux abus sectaires :

  • 4 148 en 2022
  • 4 375 en 2023
  • 4 571 en 2024

Plus de 35% de ces signalements et demandes d’information (37 %) concernent des activités relatives à la santé ou au bien-être, un domaine que la Miviludes décrit comme un « vaste terrain propice aux dérives sectaires », et qui fait l’objet d’un chapitre détaillé de onze pages. Parmi ces signalements, près de 20 % impliquent des professionnels de santé, psychothérapeutes et psychologues, tandis que près de 80 % concernent des personnes n’étant pas des professionnels de la santé.

Tendances et préoccupations majeures

Le bilan de la Miviludes détaille les principales tendances des abus sectaires dans les domaines de la santé et du bien-être :

  • la majorité des abus implique des non-professionnels de santé ;
  • parmi les professionnels de santé les plus souvent cités, les psychologues et les médecins généralistes représentent 56 % des alertes (29 % et 20 % respectivement). Les psychothérapeutes (14 %) et les ostéopathes (12 %) sont aussi fréquemment mentionnés (cf. Encadré) ;
  • l’utilisation du préfixe « psycho » par des non-professionnels crée une confusion, les faisant passer pour des psychologues, alors que 20 % des psychologues concernés par les signalements n’ont aucun numéro RPPS.

Encadré – Répartition des différentes professions de santé, psychothérapeutes et psychologues impliqués dans les alertes et demandes d’information, concernant la santé et le bien-être

La Miviludes met également en avant des évolutions inquiétantes qui pourraient faciliter les abus sectaires :

  • la présence de centres de bien-être regroupant des professionnels de santé et des intervenants du bien-être sans distinction claire entre ces acteurs ;
  • la propagation de pratiques de soins non conventionnelles (PSNC) dans les hôpitaux, sans supervision médicale appropriée : « un grand nombre de signalements concerne la normalisation des PSNC telles que le Reiki, le magnétisme ou les bols tibétains dans les établissements publics de santé ou les maisons de retraite » ;
  • l’expansion des PSNC et des produits « miracles » ainsi que des stages/séminaires via les réseaux sociaux ;
  • la création de réseaux de pseudo-thérapeutes.

Même si la Miviludes admet que « l’usage des pratiques non conventionnelles n’est pas systématiquement dangereux, notamment lorsqu’il est accompagné par un suivi médical classique », elle note que ces PSNC peuvent créer un environnement propice aux abus sectaires, entraînant ainsi des patients à délaisser leur parcours de soins sécurisé pour suivre des pseudo-thérapeutes.

L’attrait pour les pratiques de soins non conventionnelles

Le risque d’abus sectaires est d’autant plus élevé que les PSNC bénéficient d’une image positive auprès de la population française, ce qui facilite leur diffusion, notamment parmi les individus affaiblis par la maladie. La Miviludes cite un sondage Odoxa révélant que « 70 % des Français ont une opinion favorable des thérapies alternatives, et 57 % pensent qu’elles sont au moins aussi efficaces que la médecine traditionnelle ».

La facilité de diffusion via les réseaux sociaux et la configuration actuelle des soins peuvent partiellement expliquer cette tendance à se tourner vers les PSNC, ou du moins à exercer moins de vigilance :

  • les difficultés à obtenir des rendez-vous médicaux ou le manque de personnel soignant ;
  • une méfiance accrue envers la médecine traditionnelle et les politiques de santé publique, exacerbée depuis la pandémie de Covid ;
  • un désir croissant pour une prise en charge plus personnalisée, humanisée et moins technique.

La Miviludes rappelle que la majorité de ces PSNC n’ont pas été validées scientifiquement, notamment en termes d’efficacité. Elle mentionne le jeûne, promu en naturopathie et populaire sur les réseaux sociaux : « il repose sur l’idée jamais prouvée scientifiquement que le jeûne serait un préventif contre toutes les maladies ». La Miviludes observe aussi une augmentation et diversification des offres de jeûne, y compris des stages coûteux et dangereux.

Tout en ne rejetant pas toutes les PSNC, la Miviludes encourage les patients à consulter un professionnel de santé pour discuter de la pertinence d’une pratique non conventionnelle et de sa compatibilité avec un traitement médical en cours.

Cancer et troubles mentaux : des cibles fréquentes

Un des risques majeurs liés aux PSNC non encadrées est la substitution totale de la médecine traditionnelle par ces pratiques, menant à terme à une perte de chance pour les malades. Ce risque est d’autant plus sérieux que la maladie crée une vulnérabilité que les pseudo-thérapeutes malintentionnés exploitent.

Dans son bilan, la Miviludes indique que l’oncologie est particulièrement touchée par les signalements en santé. Les abus dans ce domaine sont variés, souvent basés sur la crainte de la chimiothérapie. Les soins de support sont fréquemment une porte d’entrée. Les pratiques les plus répandues incluent des régimes alimentaires extrêmes qui affaiblissent davantage les patients. Des abus dangereux tels que l’urinothérapie ou des techniques proches des actes médicaux (comme les injections d’extrait de gui) ont aussi été signalés.

Outre le cancer, les personnes souffrant de troubles mentaux ou les individus sourds ou malentendants sont également fréquemment victimes d’abus sectaires.

Recommandations pour éviter les pièges des dérives sectaires

La Miviludes souligne l’importance de la collaboration avec les Ordres professionnels (médecins, pharmaciens, kinésithérapeutes) pour sensibiliser aux risques d’abus sectaires dans le domaine de la santé.

Elle propose une série de recommandations (page 102) et appelle à la vigilance si le professionnel :

  • déprécie la médecine conventionnelle ;
  • incite à abandonner un traitement et promet une guérison « miracle » grâce à des pratiques peu communes ;
  • prétend être le seul capable de soigner et pratique des tarifs élevés ;
  • incite à rompre les liens familiaux ou amicaux ;
  • utilise un discours pseudo-scientifique, empruntant des termes médicaux.

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