L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a récemment publié un avertissement concernant les interactions potentielles entre le cannabidiol (CBD) et certains médicaments. Depuis 2017, environ soixante incidents ont été signalés.
L’ANSM a également diffusé une liste initiale comprenant une cinquantaine de médicaments susceptibles d’interagir avec le CBD.
Sommaire
Le CBD : une substance largement disponible sous diverses formes
Intégré dans de nombreux produits de bien-être depuis 2015, le CBD est présenté sous différentes formes sur le marché français : huiles, tisanes, confiseries, pâtisseries, e-liquides pour cigarettes électroniques, comprimés, etc. Ces produits, qui ne sont pas classifiés comme médicaments, peuvent être achetés sans prescription dans les pharmacies ou via d’autres points de vente.
Le seul médicament contenant du CBD autorisé sur le marché français est l’EPIDYOLEX 100 mg/mL solution buvable, qui nécessite une prescription. Ce médicament est recommandé pour :
- être utilisé avec le clobazam pour le traitement complémentaire des crises épileptiques liées au syndrome de Lennox-Gastaut ou au syndrome de Dravet chez les patients âgés de deux ans et plus ;
- le traitement complémentaire des crises d’épilepsie liées à la sclérose tubéreuse de Bourneville chez les patients de deux ans et plus.
Des cas signalés, mais probablement sous-estimés
Entre 2017 et 2023, 58 cas d’interactions médicamenteuses impliquant le CBD ont été enregistrés par les centres antipoison. En particulier, entre 2021 et 2022, quatre cas graves ont été documentés par les centres régionaux de pharmacovigilance et les centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance.
« Il est probable que le nombre réel de cas soit bien plus élevé », précise l’Agence.
Quels sont les médicaments affectés ?
Le CBD agit comme un inhibiteur puissant de plusieurs enzymes cytochromes, notamment les CYP2B6, CYP2C19 et CYP3A4.
Données sur les interactions tirées de la littérature
Une étude de l’association française des centres d’addictovigilance relève des interactions du CBD avec :
- les médicaments anti-épileptiques ;
- les anticoagulants tels que la warfarine ;
- les immunosuppresseurs comme le tacrolimus ;
- la méthadone, avec un risque d’augmentation des concentrations plasmatiques due à l’inhibition des enzymes responsables de sa dégradation.
Dans le thésaurus des interactions médicamenteuses de l’ANSM, le CBD est mentionné en association avec :
- les anticonvulsivants inducteurs enzymatiques tels que la carbamazépine et le phénobarbital : leur association avec le CBD est déconseillée car elle peut réduire les concentrations plasmatiques de CBD, diminuant son efficacité ;
- le millepertuis et la rifampicine : l’association avec ces substances est également déconseillée pour les mêmes raisons.
Une liste de l’ANSM en évolution
L’ANSM a publié une liste préliminaire non exhaustive de médicaments pour lesquels une interaction avec le CBD a été identifiée, incluant des analgésiques, des anesthésiques généraux, des antiarythmiques, des anticoagulants, des hypolipémiants, des antidiabétiques oraux, des hormones thyroïdiennes, des immunosuppresseurs, des inhibiteurs de la pompe à protons, des antibiotiques, des antifongiques, des myorelaxants, des antidépresseurs, des antiépileptiques, des antipsychotiques, des hypnotiques et des benzodiazépines, ainsi que des traitements de substitution des opiacés.
Cette liste sera mise à jour au fur et à mesure de la découverte de nouveaux risques d’interaction.
Recommandations aux professionnels de santé
L’ANSM encourage les médecins et pharmaciens à être attentifs aux risques d’interaction entre le CBD et certains médicaments, en :
- demandant aux patients s’ils consomment des produits à base de CBD avant de prescrire ou délivrer des médicaments ;
- évaluant l’usage du CBD en cas de diminution de l’efficacité d’un traitement ou l’apparition d’effets secondaires, tels que nausées, diarrhées, vertiges, somnolence, fatigue, maux de tête, idées et comportements suicidaires, ou une crise d’épilepsie ;
- conseillant l’arrêt du CBD en cas d’effets indésirables et organisant un suivi médical approprié.
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