Le rôle crucial du médecin du travail dans le diagnostic et le traitement du burn out, ainsi que dans la gestion de la détresse psychologique au travail, est indéniable.
Le médecin du travail est indispensable dans la prévention des risques liés à l’emploi et dans la préservation de la santé des employés. Il évalue la capacité du travailleur à exercer son emploi, analyse les conditions de travail et agit pour prévenir les maladies professionnelles.
Sommaire
VIDAL. Dans quelles situations le médecin du travail peut-il suspecter un burn out ?
Dr Marielle Dumortier, médecin du travail. Le rôle du médecin du travail est de connecter la santé à l’environnement de travail à travers les principaux aspects de son métier : la consultation clinique et les visites en entreprise. Ce dernier aspect occupe un tiers de son temps professionnel.
Il peut identifier un syndrome d’épuisement professionnel ou plus généralement de souffrance au travail lors d’un examen de routine ou suite à une plainte, qui peut être psychologique ou physique, notamment musculosquelettique.
Pour établir un diagnostic, il est crucial que le médecin du travail connaisse bien le poste du salarié et comprenne que lorsque celui-ci est remis en question, c’est l’identité même du salarié qui est touchée.
Une analyse de poste est souvent nécessaire pour comprendre les différences entre le travail réel et le travail prescrit.
Que fait-il s’il juge nécessaire un arrêt de travail ?
Si le médecin du travail juge un arrêt de travail nécessaire, il déclare le salarié temporairement inapte et l’oriente vers son médecin traitant pour la prescription d’un arrêt de travail, ce qui permet au salarié de bénéficier d’indemnités journalières.
Certaines personnalités sont-elles plus à risque ?
Les individus les plus à risque sont souvent très engagés dans leur travail, très professionnels, acceptant toujours plus de responsabilités et incapables de refuser. À terme, cette surcharge devient insurmontable.
Les antécédents d’anxiété ou d’autres troubles psychiatriques, ainsi que le perfectionnisme, sont des traits de personnalité fréquemment observés chez les personnes atteintes de burn out.
Par ailleurs, les femmes sont plus touchées par ce trouble, en partie à cause des multiples tâches qu’elles accomplissent quotidiennement. Malgré les progrès des dernières décennies, elles occupent encore souvent des postes moins valorisants et doivent constamment prouver leurs compétences, plus que leurs collègues masculins.
Quel est l’impact des types d’organisation, de management, du télétravail ou des secteurs d’activité sur le risque de souffrance au travail ?
Aujourd’hui, tous les secteurs et types d’organisation sont concernés par la pression de « faire toujours plus avec toujours moins de ressources ». Les facteurs incluent :
- la concurrence croissante entre différents types d’employés : intérimaires, CDD, sous-traitants ;
- les structures organisationnelles offrant peu de marge de manœuvre ;
- les réorganisations fréquentes, source d’instabilité psychologique.
Les cadres intermédiaires sont souvent pris entre deux feux, appliquant des directives qu’ils ne comprennent pas toujours et qui peuvent aller à l’encontre de leurs valeurs.
Le télétravail, bien qu’il puisse être vu comme une solution, peut isoler encore plus les employés du travail d’équipe. Au-delà de 1 à 2 jours par semaine, il a été démontré que le télétravail peut conduire à une désocialisation du collectif.
Quel est le rôle du médecin du travail dans le traitement ?
Le médecin du travail collabore avec le médecin traitant ou le psychiatre. Il n’intervient pas directement sur les syndromes dépressifs ou les troubles de la personnalité, mais sur la relation au travail. Un arrêt de travail prolongé n’est pas bénéfique si la relation du salarié avec son travail ne change pas.
Chaque situation est unique, et les solutions peuvent inclure :
- la reprise au même poste ou à un autre poste au sein de la même entreprise, après discussions avec l’équipe et le salarié ;
- la reprise dans un autre établissement de la même entreprise ;
- parfois, une déclaration d’inaptitude, décision difficile prise avec le salarié et accompagnée d’un soutien dans la démarche.
Un essai encadré peut également être envisagé, faisant partie des mesures de prévention de la désinsertion professionnelle et organisé avec l’Assurance maladie pendant l’arrêt de travail. Il aide à évaluer si un poste est compatible avec l’état de santé du salarié. Lors de l’essai, le statut du salarié reste inchangé. Ce dispositif est parfois long et complexe à mettre en place, mais le médecin du travail peut aussi opter pour une reprise à temps partiel thérapeutique, qui est beaucoup plus flexible et rapide.
Le médecin du travail travaille en collaboration avec les services des ressources humaines et peut également conseiller au salarié de se tourner vers des associations pour se sentir moins isolé.
Les séquelles du burn out peuvent être reconnues comme maladie professionnelle.
L’employeur peut-il être tenu responsable ?
L’employeur a une responsabilité de santé et de sécurité vis-à-vis de tous ses employés. Bien que beaucoup d’entreprises aient commencé à reconnaître ce problème, il reste encore beaucoup à faire pour éliminer la souffrance au travail.
Le médecin du travail joue également un rôle crucial ici, car il doit rapporter dans l’espace public de l’entreprise ce qu’il apprend en consultation, tout en respectant le secret médical. Il peut arriver que certains cadres ne réalisent pas la charge de travail qu’ils imposent, et le médecin est là pour en discuter. Lorsqu’il identifie des risques importants, notamment psychosociaux, pour la santé des employés, il peut émettre des alertes (alertes RPS) qui rapportent concrètement ses observations et constatations. Si nécessaire, l’inspection du travail peut être informée via le comité social et économique (CSE).
Basé sur un entretien avec le Dr Marielle Dumortier, médecin du travail, médecin, praticien attaché CHI Créteil.
La souffrance psychique liée au travail (SPLT) englobe tous les troubles (reconnus ou non par les classifications médicales) associés à la sphère mentale, causés ou aggravés par le travail, d’après l’évaluation clinique du médecin du travail. En s’appuyant sur les données du programme de surveillance des maladies à caractère professionnel (MCP), qui ont inclus 281 Les troubles anxieux et dépressifs mixtes sont les troubles psychiques les plus couramment rapportés par les médecins du travail pour les deux sexes, suivis des troubles dépressifs, des troubles anxieux et du burn out en quatrième position, avec des prévalences respectives de 1,67 En Rappelons qu’à ce jour, aucun trouble psychique imputable au travail n’est reconnu dans les tableaux des maladies professionnelles en France. Leur reconnaissance est du ressort des comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) qui évaluent chaque cas individuellement.
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