Grippe en hausse : le pic épidémique est-il proche ?

Le rapport récent de Santé publique France (SPF) daté du 2 janvier 2025, qui utilise des données collectées à la fin de l’année 2024 (du 23 au 29 décembre) [1], indique une forte augmentation des infections respiratoires aiguës (IRA) tant en milieu urbain qu’hospitalier, affectant toutes les tranches d’âge. Le nombre de cas d’IRA constatés en consultation de médecine générale est estimé à environ 500 cas pour 100 000 habitants [2]. Ces chiffres sont en hausse depuis début novembre 2024.

Sur le plan régional, les taux d’incidence les plus hauts ont été enregistrés en Bretagne (750), en Provence-Alpes-Côte d’Azur (509), en Nouvelle-Aquitaine (509) et dans les Pays de la Loire (506).

Près de 10 % des admissions aux urgences durant la période des fêtes étaient liées à une IRA, avec une hospitalisation dans environ 30 % des cas.

Les IRA peuvent être provoquées par divers virus respiratoires tels que les virus de la grippe, le SARS-CoV-2 (Covid-19), le virus respiratoire syncytial (VRS), le rhinovirus, ou le métapneumovirus. Toutefois, les virus de la grippe sont les plus fréquemment impliqués : lors des consultations aux urgences pour une IRA, un syndrome grippal était évoqué dans près de la moitié des cas et entraînait une hospitalisation dans un peu plus de 15 % des cas.

Alerte maximale pour la grippe

L’épidémie de grippe a débuté en Île-de-France et s’est étendue à toutes les régions de France métropolitaine ainsi qu’à la Martinique (la Guadeloupe et la Guyane sont en phase pré-épidémique).

Caractéristiques des virus grippaux de la saison 2024-2025

Les souches de virus grippaux en circulation, notamment le virus A (H1N1) pdm09 et le virus B/Victoria, ne présentent pas de particularités spécifiques, si ce n’est une prédominance chez les jeunes, en particulier chez les enfants d’âge scolaire pour le virus B/Victoria. Cela explique pourquoi les enfants de moins de 15 ans sont particulièrement affectés, tant en ville qu’à l’hôpital. « Comparé aux cinq dernières épidémies, l’intensité hospitalière a augmenté cette semaine, passant de modérée à élevée pour tous les âges, et très élevée pour les moins de 15 ans », précise le SPF dans son bulletin.

Les cas graves sont relativement rares chez les jeunes, et la majorité des hospitalisations après un passage aux urgences pour une IRA ou un syndrome grippal concerne principalement (comme souvent) les personnes âgées de 65 ans et plus (environ 65 % des cas). Ce groupe est également celui qui présente le risque le plus élevé de mortalité.

Près de 4 % des décès attribués à la grippe

Lors de la dernière semaine de 2024, parmi les 6 902 décès enregistrés par certificat électronique*, 3,8 % étaient associés à la grippe comme cause directe ou contributive du décès. Parmi les 262 décès liés à la grippe, près de 9 sur 10 concernaient des personnes de 65 ans et plus (88 %) et 11 % des personnes de 15 à 64 ans (n = 31).

VRS : l’épidémie continue mais les indicateurs diminuent

Le taux d’incidence des infections à VRS observées en consultation de médecine générale pour une IRA est estimé à 33 cas pour 100 000 habitants [2]. Ce chiffre reste stable par rapport aux semaines précédentes. Bien que l’épidémie de bronchiolite se poursuive, la majorité des indicateurs est en baisse et le pic épidémique semble avoir été atteint. L’Île-de-France est en phase postépidémique.

Covid-19 : stabilité à des niveaux bas

Le taux d’incidence des cas de Covid-19 observés en consultation de médecine générale pour une IRA est estimé à 9 cas pour 100 000 habitants [2]. Ce taux est en baisse par rapport aux semaines précédentes. L’activité du Covid-19 reste globalement faible, bien que cette infection soit mentionnée dans 1,7 % des décès rapportés par certificat électronique*.

Vaccination et mesures de prévention

La vaccination demeure le moyen le plus efficace de se protéger contre la grippe et la Covid-19, surtout contre les formes graves de ces maladies. Il n’est pas trop tard pour se faire vacciner, mais il est conseillé de ne pas tarder car il faut environ deux semaines pour que le vaccin devienne efficace. La campagne de vaccination 2024-2025 continue jusqu’au 31 janvier 2025 en métropole (elle pourrait être prolongée, comme en 2024). Il est également crucial de continuer à appliquer les gestes barrières pour se protéger des maladies hivernales.

*Le déploiement du système de certification électronique, qui couvrait fin 2023 43 % de la mortalité nationale, varie de 15 % à 60 % selon les régions de France.